
Jacques Poulin
(1937 - 2025)
Écrivain intimiste qui excelle à raconter les émois de l’âme, Jacques Poulin est l’un des auteurs les plus importants de sa génération. Depuis son premier roman, Mon cheval pour un royaume, publié en 1967, il n’a cessé d’explorer les multiples facettes de la nature humaine et des rapports entre les êtres.
* L'enregistrement ci-dessous date de 2003
Qui est-il ?
Discret, voire secret, Jacques Poulin se consacre, depuis l’âge de 27 ans, à l’écriture. Il se définit lui-même comme un écrivain privé, par choix.
Son style minimaliste est surtout affaire de retrait du superflu. Adjectifs, adverbes, inversions inutiles, sentiments trop extravertis sont éliminés au profit de l’émotion sobre qui occupe l’espace et enveloppe autant les personnages que les lecteurs qui vont à leur rencontre. Pareil dépouillement permet de nommer ces choses qu’on exprime d’habitude avec difficulté parce qu’elles obligent à laisser tomber l’accessoire pour ne garder que l’essentiel.
Dès Jimmy (1969), son deuxième roman où l’enfance occupe toute la place, l’écrivain esquisse les contours d’une œuvre dont la progression s’articule autour des mêmes thèmes et des mêmes personnages. C’est un peu comme si ses romans étaient des traductions de plus en plus approfondies d’un même univers habité par les livres, l’écriture, la tendresse, l’amour et la douleur de vivre.
Mais si les thèmes demeurent les mêmes d’un livre à l’autre, le contexte, lui, se modifie au rythme des passions et des découvertes de l’auteur. Ce sera un voyage aux États-Unis pour retracer l’histoire des immigrants (Volkswagen Blues, 1984), ou encore le Fleuve, toujours plus ou moins présent (Les Grandes Marées, 1978; Le Vieux Chagrin, 1989). Quel que soit le contexte dans lequel ils évoluent, ses personnages, habités par une immense tendresse, partagent la même difficulté à communiquer entre eux. Ils frôlent et effleurent le bonheur, mais n’osent jamais trop s’en approcher de peur qu’il s’évanouisse. « Quand les personnages se rejoignent dans une histoire, quand l’amour se vit véritablement, il n’y a plus rien à dire. Pour l’écrivain, le malheur est un sujet plus riche. Il faut être malheureux pour écrire », explique-t-il.
Avec cette capacité exceptionnelle de jouer avec le quotidien, Jacques Poulin campe des personnages touchants et nous les présente comme autant de nos semblables qui souffrent, rient, pleurent et cherchent tous cette chose impalpable qu’on nomme le bonheur. S’il fallait une étiquette pour cette école littéraire, ce serait assurément celle de la tendresse.
Source : Les Prix du Québec